Des niveaux importants de TFA-PFAS détectés dans l’eau du robinet de 30 communes
L’UFC-QUE-CHOISIR et l’ONG Générations futures ont mené l’enquête sur la potentielle contamination aux polluants éternels dans l’eau du robinet de nombreuses villes. Les résultats de l’enquête publié ce 23 janvier sont inquiétants; l’acide trifluoroacétique (TFA), faisant parti de la grande famille des polluants éternels a été découvert dans une large majorité des villes où il a été recherché. Sur les 30 communes inspectées, 24 d’entre elles ont dans leur eau la présence du TFA. 20 d’entre elles ont enregistrées des dépassements de seuil de la norme référence en Europe, qui pour rappel porte ce seuil à 100 nanogrammes/litre pour les vingt PFAS réglementés et qui doit entrer pleinement en vigueur en 2026.
Qu’est-ce que le TFA ?
L’acide trifluoroacétique (TFA) fait partie de la grande famille des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS), plus communément appelés « polluants éternels » à cause de leur grande persistance à rester dans l’environnement et dans les organismes. L’acide trifluoroacétique (TFA) est souvent issu de la dégradation d’un herbicide : le flufénacet. Le flufénacet, 9ème herbicide le plus utilisé en France, est principalement utilisé dans les cultures céréalières et soulève de nombreuses questions quant à son utilisation ainsi que son cadre règlementaire.
Récemment classé comme perturbateur endocrinien, l’EFSA a également montré il y a quelques mois que le flufénacet conduit à une pollution et à une concentration très importantes de TFA dans les eaux souterraines et de facto dans les eaux potables.
Cependant, bien que de nombreuses recherches soient de plus en plus menées sur le niveau de contamination et l’impact des PFAS sur l’environnement ; le TFA n’est pour le moment que peu étudié, bien qu’une évaluation soit tout de même en cours au niveau européen.
Quelles sont les villes testées et quels sont les résultats de l’enquête ?
UFC-Que Choisir et l’ONG Générations Futures ont effectué des prélèvements dans 30 communes françaises.
Les communes concernées sont les suivantes :
- Amiens
- Avignon
- Bordeaux
- Bruxerolles
- Clichy
- Évry-Grégy-sur-Yerre
- Fleury-les-Aubrais
- Grenade
- La Chapelle-Rablais
- Lavernat
- Lille
- Lunel
- Lyon
- Melun
- Metz
- Moussac
- Mulhouse
- Narbonne
- Paris
- Prérenchies
- Roubaix
- Rouen
- Sotteville-lès-Rouen
- Strasbourg
- Tavaux
- Toulouse
- Tours
- Valence
- Vaux-le-Pénil
- Vendôme
Dans les prélèvements effectués dans ces différentes communes, tous respectaient les seuils français en matière de concentration de PFAS dans l’eau potable.
Cependant, si on appliquait les seuils américains et danois, les seuils étaient dépassés dans nombreuse d'entre elles.
En ce qui concerne la concentration en acide trifluoroacétique (TFA), bien qu'il soit pour le moment non inclus dans la liste des 20 PFAS obligatoires à surveiller, les concentrations en TFA enregistrées dépassaient largement les seuils associés aux PFAS, fixés à 100ng/l.
Si le TFA en faisait partie, ce dernier dépasserait les seuils autorisés pour 20 des des 30 échantillons réalisés.
Parmi les villes les plus touchées par cette concentration en TFA, on peut citer les villes :
- Moussac, dans le Gard, avec une concentration en TFA de 13 000 ng/l
- Paris est la seconde ville la plus polluée au TFA, avec une concentration de 6200 ng/l
- Buxerolles, dans la Vienne avec 2600 ng/l.
Une législation lente mais qui évolue pour préserver la qualité de l’eau
Concernant les normes sur les PFAS, bien que prenant du temps, ces dernières évoluent au fil des avancées des recherches scientifiques. Au niveau international, seulement trois PFAS sont pour le moment interdits ou restreints, à savoir le PFOS, règlementé en 2009, le PFOA en 2020 et le PFHxS en 2022. En ce qui concerne la France, elle devrait appliquer en 2026 une directive européenne relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine. Pour rappel, cette norme prévoit de limite la présence de 20 PFAS dans l’eau réglementés à 100 nanogrammes par litre.
Pour ce qui est de l’acide trifluoroacétique, ce dernier ne fait pas partie pour le moment de la liste des 20 PFAS jugés prioritaires par l’Union européenne.
Avec les nombreuses incertitudes qui émergent au fur et à mesure concernant le TFA et son impact sur l’environnement et la santé, l’UFC-Que Choisir et Générations futures demandent ainsi plusieurs évolutions du cadre réglementaire, à savoir l’intégration du TFA dans le plan de contrôle de l’eau, l’adoption de normes « plus strictes et protectrices », le renfort des contrôles sur les rejets industriels et l’interdiction des pesticides classés comme PFAS.
Une proposition de loi visant à restreindre la fabrication et la vente des PFAS doit être à nouveau soumise au vote du Parlement le 20 février. Cette dernière vise à restreindre la fabrication et la vente de produits contenant des PFAS pour limiter leur exposition dans l’environnement et la vie courante. L’article phare de cette proposition de loi est de notamment interdire à partir du 1er janvier 2026 la fabrication, l’importation et la vente de tout produit cosmétique, produit de fart (pour les skis) ou produit textile d’habillement content des PFAS, à l’exception de certains textiles industriels ou « nécessaires à des utilisations essentielles ». Au niveau européen, un projet des restrictions est également à l’étude. Pour le moment, les normes applicables au niveau européen sont une limite de 500ng/l pour le total de PFAS dans l’eau du robinet et/ou de 100ng/l pour les 20 PFAS prioritaires. En France, le seuil est fixé à 100ng/l pour les 20 PFAS pour le moment.
Aux Etats-Unis, il est de 4ng/l pour le PFOA et le PFOS, de 10ng/l our le PFNA, PFHxS et le HFPO-DA. Au Pays-Bas, il est fixé à 4,4ng/l pour la somme des PFOA, PFOS,PFNA et PFHxS Enfin au Danemark, le seuil fixé est de 2ng/l pour la somme des PFOA, PFOS, PFNA et PFHxS.
Sources:
- Un "polluant éternel" détecté dans l'eau du robinet de nombreuses villes, selon une enquête de l'UFC-Que choisir et d'une ONG
- Polluants éternels dans l’eau du robinet : une large présence détectée dans 96 % des communes testées.
- Une large présence détectée dans 96 % des communes testées
- "Polluants éternels" : quatre choses à savoir sur le TFA, retrouvé dans l'eau potable de nombreuses communes françaises
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