43% de l’eau du robinet en France serait contaminée par les PFAS
La cellule investigation de Radio France et le réseau France Bleu ont mené l’enquête à travers tout le territoire français afin de connaître l’état de contamination de l’eau du robinet aux PFAS. Radio France et le réseau France bleu prennent ainsi les devants pour connaître l’état de la situation à un an et demi de l’obligation pour les collectivités locales de faire tester l’eau du robinet afin de détecter la présence éventuelle des 20 polluants éternels jugés comme les plus problématiques et de prendre les mesures nécessaires en matière de communication et de lutte contre cette pollution dans l’eau que consomme leurs administrés.
Cette enquête vient s’ajouter à celle mener par Véolia qui a partagé via son communiqué de presse les résultats de ses analyses effectuées dans plus de 2400 points de contrôles, sans toutefois donner la liste des lieux où les seuils en PFAS étaient dépassés. L’enquête menée par Radio France et France bleu s’est fait sur un nombre bien moindre d’échantillons mais tout aussi ciblé.
Comment s’est déroulée l’enquête ?
Entre mi-avril et début juin 2024, chacune des 44 radios locales de France Bleu a réalisé deux prélèvements en fonction de son bassin de population ainsi que dans les lieux où la présence de PFAS dans des sources d’eau était déjà connue grâce aux travaux de l’Anses de 2011.Les journalistes ont identifié des lieux possibles, avec un potentiel de pollution aux PFAS tel que les lieux proches d’usines, d’aéroports, des casernes de pompiers, des papeteries ou des centres de traitement de déchets.
En tout ce sont 89 prélèvements qui ont été réalisés pour ensuite été envoyé à un laboratoire agréé.
source: Franceinfo
Les résultats de l’enquête
Pour les 89 échantillons collectés et soumis à analyse, les résultats obtenus sont les suivants :
- 43% d’entre eux contenaient des PFAS.
- 27 échantillons révèlent des PFAS interdites ou classées comme cancérogènes, dont cinq à des niveaux préoccupants dont les villes d’Auxerre (Yonne), de Lille (Nord), de Saint-Jean-de-Losne (Côte-d’Or), de Saint-Vit (Doubs) et Déols (Indre).
- 3 prélèvements dépassent la limite française, à savoir les prélèvements effectués à Cognac (Charente), à Martres-Tolosane (Haute-Garonne) et Saint-Symphorien-d’Ozon (Rhône).
Pour ces trois villes, malgré les seuils dépassés, aucune campagne de communication ou actions afin de réduire l’exposition des PFAS aux habitants n’ont été pour le moment mener.
A Cognac par exemple, la somme des 20 PFAS jugés problématiques atteint 187 nanogrammes par litre d’eau (ng/l) dans le cadre de cette enquête, soit presque le double du seuil règlementaire. En Juillet 2024 l’ARS reconnaissait également qu’elle avait trouvé des PFAS dans le Grand Cognac et craignait une contamination de la nappe.
A Martres-Tolosane, l’échantillon de France Bleu atteint les 100,2 nanogrammes par litre d’eau du robinet, soit légèrement au-dessus des seuils.
En ce qui concerne la dernière ville Saint-Symphorien-d'Ozon, son prélèvement atteint 119,2 nanogrammes par litre d’eau. L’agglomération du Grand Lyon a déjà mis en place un plan d’action pour faire baisser le niveau de ces polluants pour donner suite à des tests effectués il y a deux ans. Ce plan d’action n’a toutefois pas encore donné de résultats jugés probants.
Une législation en matière de lutte contre les PFAS déjà jugée obsolète.
La législation française en matière de lutte contre les PFAS a connu quelques évolutions encourageantes ces derniers mois avec notamment l’adoption par l’assemblée nationale en avril dernier de l’interdiction dès le 1er janvier 2026 de la fabrication, de l’importation et de l’exportation de produits concernant des PFAS sur le territoire français. Cependant, malgré cette loi qui va dans le bon sens, celle-ci est déjà jugée obsolète par d’autres pays comme la Suède, ayant une politique plus courageuse en matière de lutte contre les PFAS que dans le reste de l’Union Européenne, en se basant davantage sur la science que sur les problématiques de santé associées aux coûts de dépollution de l’eau. D’autres pays voisins ont des seuils plus restrictifs avec des seuils de 2ng/l, là où on en France nous sommes à 20ng/litre de PFAS dans l’eau.
La France pourrait toutefois rattraper son retard dès 2025 puisqu’un groupe de travail d’une quinzaine de chercheurs travaille en ce moment sur les études scientifiques publiées récemment afin d’éventuellement revoir les valeurs toxicologiques qu’applique la règlementation française afin d'éventuellement baisser le seuil et peut-être le nombre de PFAS jugés problématique dans les eaux destinés à la consommation.
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sources:
enquête sur les polluants éternels dans l'eau du robinet par Franceinfo
https://www.anses.fr/fr/system/files/LABO-Ra-Perfluorates.pdf
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