Les PFAS en cosmétique - définition et règlementation

Les PFAS sont devenu en enjeux majeur de santé publique dont les autorités se préoccupent de plus en plus, cherchant à lutter efficacement contre ces polluants éternels. Les produits cosmétiques ne sont pas épargnés par la présence de PFAS dans leur composition et la règlementation autour de leur usage est de plus en plus stricte selon les pays.

Que sont les PFAS ?

Les substances alkyls perfluorés et polyfluorés (PFAS), sont un groupe incluant de nombreuses substances chimiques estimées entre 4000 et 14 000 dont 256 identifiés et produites industriellement. On les appelles de plus en plus « polluant éternels » de par leur grande résistance à la dégradation dans l’environnement et qu’on ne trouvent pas naturellement, ces derniers étant des produits de synthèse. Les PFAS possèdent des caractéristiques très intéressantes pour une application industrielle. Ils possèdent entre autres comme propriétés chimiques d’être soluble dans l’eau et les graisses (amphiphile). Ils possèdent également des propriétés ignifuges, antitaches, antiadhésives, émulsifiantes et imperméabilisantes.
On retrouve aujourd’hui les PFAS dans divers produits courants : les mousses d’extincteurs, les revêtements antiadhésifs de certaines poêles, certains emballages alimentaires, des vêtements imperméabilisés, le fart des skis, certaines produits ménagers et encore quelques cosmétiques.

Quels sont les problèmes liés à leur utilisation?

Les PFAS par leur utilisation dans différents produits courants et de par leur caractère persistant, deviennent une source de pollution que l’on retrouve dans l’ensemble des milieux (l’eau, l’air, les sols et les sédiments). Le site du Monde a d'ailleurs mis au point une carte interactive afin de mesurer l'ampleur de la production et des sites contaminés.

Le problème des PFAS est son impact à la fois sur l’environnement et sur la santé des êtres vivants. Certains PFAS sont bioaccumulatifs, ils s’accumulent au fil du temps dans les organismes vivants, plantes et animaux et retrouvent dans la chaîne alimentaire et peuvent donc se retrouver dans notre alimentation pour ensuite être ingérés.

Les travaux scientifiques sur certains PFAS connus montrent qu’ils peuvent avoir des effets délétères pour l’être humain.
Parmi les effets recensés, on peut citer une augmentation du taux de cholestérol, du nombre de cancers, des effets sur la fertilité et le développement du fœtus.

Ils sont également suspectés d’interférer avec le système endocrinien (thyroïde) et immunitaire. L’exposition aux PFAS pour l’homme ne se fait pas uniquement par l’alimentation, certains produits cosmétique peuvent également être une source d’exposition aux substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées.

Les PFAS dans les cosmétiques

Leur rôle et leur intérêt dans les cosmétiques

Les PFAS possèdent de nombreuses propriétés intéressantes, ils ont la capacité de résister à la chaleur, à l’eau et à l’huile, ce qui les rend utiles dans un large éventail d’applications. Ils peuvent servir d’émulsifiants, de stabilisants, de tensioactifs, d’agents filmogènes, de solvants.
L’utilisation des PFAS dans les cosmétiques se justifiait par leurs propriétés uniques à repousser l’eau et l’huile, rendant les produits waterproof. En dehors de leur propriété imperméabilisante, les PFAS permettent également d’allonger la durée de vie des produits, conserver leur couleur et améliorer la texture du rouge à lèvres par exemple.

Les PFAS encore couramment utilisés en France dans les cosmétiques

• PTFE
• PERFLUORODECALIN
• PERFLUORONONYL DIMETHICONE
• POLYPERFLUOROMETHYLISOPROPYL ETHER
• METHYL PERFLUOROISOBUTYL ETHER
• PERFLUOROHEXYLETHYL TRIETHOXYSILANE
• PERFLUOROHEXANE
• POLYPERFLUOROETHOXYMETHOXY DIFLUOROETHYL PEG PHOSPHATE

Les produits cosmétiques où on retrouve le plus couramment les PFAS

Selon des études réalisées entre 2019 et 2021, on retrouve les PFAS dans les poudres de maquillage, les mascaras, les rouges à lèvres, les soins anti-âge, les fonds de teint, et même dans certains fils dentaires. Selon une étude du « Green Science Policy Institut », publiée en 15 juin 2021, sur 231 produits de beauté testé aux USA et au Canada, près de la moitié des fonds de teins, mascara et rouges à lèvres contenait des substances perfluorés.

Peut-on substituer les PFAS dans les cosmétiques ?

L’identification des PFAS dans divers produits cosmétiques ou non, nous interroge sur la possibilité ou non de remplacer ces polluants éternels dans les cosmétiques pour supprimer les risques de contamination tout en conservant l’efficacité des produits. La réponse viendrait des cosmétiques naturels et biologiques ou plus précisément des cosmétiques labellisés « Cosmébio » ou « Ecocert » garantissant l’utilisation d’ingrédients d’origine biologique et écartant l’utilisation de PFAS dans la fabrication des divers cosmétiques labellisés.
Pour le directeur de Cosmébio, les PFAS peuvent être simplement remplacés par des esters d’huiles végétales. Les huiles « estérifiées sont des dérivés de corps gras naturels dont l’homme a isolé les différents composants pour n’en garder que certains.

L’OCDE a publié le 22 février 2024 un rapport intitulé « PFAS et alternatives dans les cosmétiques » mentionnant que ces alternatives sont largement disponibles sur le marché et qu’elles sont techniquement et économiquement viables avec un fort potentiel de substitution. Ce rapport affirme qu’il existe des centaines de substances chimiques alternatives non fluorées qui fournissent la même fonction que les PFASs dans les produits cosmétiques. Cependant les différentes parties prenantes ont indiqué que la substitution des PFASs dans les cosmétiques nécessite la reformulation complète du produit pour fournir les mêmes fonctions. En savoir plus sur les alternatives aux PFAS dans les cosmétiques.

A noter qu’en France, l’Assemblée nationale a voté une loi pour interdire tous les produits contenant du PFAS sur le territoire français. Incluant l’importation mais aussi l’exportation des produits. En théorie, il ne sera donc plus possible d’acheter un cosmétique contenant des PFAS en France.

Quelle règlementation autour des PFAS ?

Bien que la règlementation concernant l'usage des PFAS dans les différentes industries puisse différer d'un pays à l'autre, des règles communes existent, donnant un socle commun avec un minimum de restrictions à respecter. Petit tour d'horizon des diverses restrictions selon les marchés.

La règlementation internationale autour des PFAS

La convention de Stockholm (2001) donne les bases internationales dans l’encadrement de certains polluants organiques persistants dont font partis plusieurs composés de la famille des PFAS au niveau mondial.
Depuis 2009, la production et l’utilisation du PFOS sont restreintes à une liste spécifique qui peuvent être acceptés à certains usage très spécifiques (photo-imagerie, fluides hydrauliques pour l’aviation, placage métallique dans les systèmes en boucle fermée,…)
Le PFOA est interdit à l’import, l’export, à la production et à l’utilisation, sauf exemptions particulières, depuis 2020.
La famille de l’acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS), ainsi que ses sels et composés apparentés est envisagée pour une inclusion prochaine dans la Convention de Stockholm.

La règlementation au niveau européen

S’appuyant sur les bases internationales sur l’encadrement de l’usage de ce type de substances, des directives européennes sont en cours ou ont eu lieu pour étendre la convention de Stockholm à d’autres substances de la famille des perfluorés. Dans le but de réduire encore d’avantage le risques de contamination pour le consommateur.

En janvier 2023, une restriction globale des PFAS a été portée et déposée par cinq États membres de l’UE à l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) afin d’interdire en Europe la fabrication et la mise sur le marché de substances, mélanges et articles contenant des PFAS sur la base de leur caractère persistant.

Concernant les cosmétiques, l’utilisation de PFOA ainsi que de nombreuses autres substances perfluorés, sont interdites pour un usage cosmétique depuis juin 2020. (Substances n° 1493, 1561 et 1636 de l’annexe II du règlement (CE) n°1223/2009 relatif aux produits cosmétiques)

La règlementation en France concernant l’usage des PFAS en cosmétique

En France, l’Assemblée nationale a voté le 4 avril 2024 une loi pour réguler l’utilisation des PFAS avec pour objectif d’interdire dès le 1er janvier 2026, la fabrication, l’importation et l’exportation de produits qui contiennent des PFAS, notamment dans les produits cosmétiques. Le 30 mai 2024, c'est au tour du Sénat de voter cette même loi sur les polluants éternels, validant ainsi le projet de loi.

Aux États-Unis

Les Etats-Unis viennent de fixer des seuils nationaux à ne pas dépasser pour cinq PFAS pris individuellement, mais également en mélange avec un objectif de lutte contre la pollution des substances per-et polyfluoroalkylées, en priorité dans l’eau.

Au niveau de la filière cosmétique, « The modernization of Cosmetics Regulation Act of 2022 (MoCRA) constitue un élargissement majeur de l’autorité de la FDA en matière de réglementation des cosmétiques. Cette loie contribuera à garantir la sécurité des produits cosmétiques de nombreux consommateurs.
La MoCRA prévoit en outre que la FDA (Food and Drug Administration) évalue l’innocuité des PFAS dans les cosmétiques en faisant appel au Centre National de Recherche Toxicologique américaine. Les résultats de cette évaluation doivent être publiés au plus tard le 29 décembre 2025.

En mars 2022, la FDA a listé pas moins de 35 types de PFAS utilisés dans 578 produits cosmétiques. Ce nombre a baissé à 31 après une évaluation en mars 2023 sur un échantillon de 570 cosmétiques.

La liste des 35 PFAS relevés pour les États-Unis

Comment identifier et éviter les PFAS dans un cosmétique ?

Pour identifier les PFAS dans les produits cosmétiques, il est essentiel de lire attentivement la liste des ingrédients sur l'étiquette du produit. Recherchez des termes comme "perfluoro", "polyfluoro", et des noms chimiques spécifiques comme "PTFE" ou "Perfluorooctyl Triethoxysilane".

Pour vérifier l’utilisation ou non de ces substances, il faut vérifier la composition INCI des ingrédients cosmétique présents sur l’étiquette.

A noter que les cosmétiques étant certifiés bio avec des labels comme Cosmébio ou Ecocert, ces derniers sont examptés de substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, même si le risque zéro n'existe pas.

En conclusion, les PFAS représentent encore aujourd’hui un enjeu majeur en terme de santé publique et environnemental. Ces « polluants éternels » présents dans de nombreux produits courants dont encore des cosmétiques restent une source de pollution.
Avec la règlementation qui devient de plus en plus sévère à leur égard avec notamment une interdiction totale d’ici 2026 pour la France.
L'avenir des cosmétiques sans PFAS repose sur la reformulation des produits pour maintenir leur efficacité sans compromettre la sécurité des consommateurs.

Sources :

https://www.anses.fr/fr/content/pfas-des-substances-chimiques-persistantes

https://www.fda.gov/cosmetics/cosmetic-ingredients/and-polyfluoroalkyl-substances-pfas-cosmetics

https://www.pinsentmasons.com/out-law/guides/pfas-regulation-in-the-uk

https://www.chemleg.com/bulletins/pfas-et-alternatives-en-cosmetique

https://greensciencepolicy.org/pfas-in-cosmetics/